13 KiB
title | date | tags | |
---|---|---|---|
Escapade en péninsule indochinoise – le Nord du Vietnam | 2015-05-27 |
|
Dernières foulées de notre voyage dans cette fameuse péninsule d’Asie du Sud-Est. Et oui, toutes les bonnes choses ont une fin. Après avoir exploré une grande partie du Cambodge et du Sud du Vietnam, c’est maintenant au tour du Centre et du Nord en quatre étapes : les plages paradisiaques dans la région de Nha Trang, la petite ville de Hoi An puis la capitale, Hanoï, pour sa proximité avec la légendaire baie d’Hạ Long.
Les plages paradisiaques
Deux semaines se sont déjà écoulées depuis notre départ. Ce temps, nous l’avons passé dans de longs trajets en bus pour rejoindre de nombreuses destinations, toutes aussi différentes les unes que les autres. Mais l’organisme a des limites. Nous avons la tête dans le guidon toute l’année, les vacances sont aussi faites pour se reposer. Alors pourquoi ne pas allier repos avec le petit plus qui fait la différence ? N’est-ce pas dans cette région du monde qu’on y trouve de magnifiques plages de sable fin et d’eau turquoise ? C’était l’occasion ou jamais de faire une pause pour se ressourcer.
Départ d’Ho Chi Minh City, en train cette fois-ci, pour un trajet de sept heures. Nous avions le choix entre une place dite « hard » (dure), « soft » (confortable) et toute une gamme de lits couchette. Allons-y pour des places « soft ». Sept heures sur un banc en bois, on a eu l’occasion de vivre cette expérience à Can Tho quelques jours avant et ce n’est pas conseillé. J’ai commandé les billets de train par Internet un mois plus tôt avec une livraison à l’hôtel d’Ho Chi Minh City, aucun problème de ce côté-là. Le train était assez vétuste, avec une forte odeur de poulailler, mais on s’y habitue rapidement.
Nous avions gardé quatre minuscules bananes pour manger le midi au cas où nous n’aurions rien trouvé dans le train et, en effet, quelle aventure ce midi-là. Onze heures tapantes, des vendeurs lambda – il s’avère que c’étaient des agents de la compagnie de train, sans uniforme, rien – passaient dans les couloirs du train en scandant des slogans en vietnamien. Impossible de voir ce qu’ils avaient à vendre dans leur chariot. Sans trop savoir, nous n’avons rien demandé. Un couple de jeunes touristes italiens étaient assis sur les sièges en face, en diagonale. Ils se sont levés et sont revenus avec de la nourriture. C’est à ce moment-là que nous avons compris que les vendeurs proposaient de quoi manger. Le temps de s’en rendre compte, les vendeurs étaient déjà repartis à l’extrémité du train. J’en croise un, égaré au milieu du train, lui demande s’il parle anglais, il me regarde puis repart en m’ignorant royalement. Le tact vietnamien. Une rage incontrôlable s’en est alors emparée de moi. Je comprends parfaitement ce que ressentent les touristes à Paris et je ne supporte pas ce comportement. Ni une ni deux, on fonce le plus vite possible à l’arrière du train pour trouver enfin quelqu’un qui puisse nous vendre à manger. On s’en sort dépouillés avec deux petites saucisses, deux brochettes et trois minables grains de riz pour une somme exorbitante pour le pays. C’est mieux que rien, le ventre n’allait pas être totalement vide pour la suite du trajet.
Arrivés en gare de Nha Trang, un chauffeur privé nous attend pour nous emmener à l’île de la Baleine, une île transformée en resort au nord de là. Le conducteur ne parle pas un mot d’anglais, il nous donne donc une pancarte informative aux couleurs du resort qui nous indique que le temps de trajet est estimé à deux heures de voiture et quinze minutes de bateau. J’espère que le trajet en vaut la peine. Les minutes défilent, le soleil commence à se coucher. Il fait nuit noire au moment de prendre le bateau qui fait la navette entre le continent et la petite île. De minuscules lumières se profilent au loin, en plein milieu de la jungle. En plaisantant, je dis à ma chérie : « Tu vois les lampes là-bas ? Si ça se trouve, c’est notre endroit pour les trois prochaines nuits. ». Ça n’a pas loupé. Un employé du resort nous montre notre bungalow pour déposer nos affaires. Enorme choc émotionnel. Nous sommes en plein milieu de la jungle, en pleine nuit, ça grouille de bestioles et il y a un jour de quelques centimètres aux fenêtres. C’est la porte ouverte aux moustiques et autres bêtes inconnues répugnantes pendant notre sommeil.
J’avais tellement misé sur ce resort. J’en parlais depuis des mois à ma compagne. C’est le premier « hôtel » que j’ai réservé. Ce devait être la clé du repos, du regain d’énergie, de la bronzette les doigts de pieds en éventail dans un cadre paradisiaque. Pas du stress de se faire manger par la faune locale ou de se faire piquer par je ne sais quel moustique porteur d’une maladie foudroyante. Le moral au fond des chaussettes, nous nous sommes finalement endormis dans ce petit lit en pleine jungle.
Et le lendemain, le jour s’est levé, laissant place à ce paysage qui nous a fait tout oublier !
Ne jamais se fier à sa première impression. Laisser le temps faire son effet. Une bonne nuit de sommeil aide à relativiser.
La suite du séjour dans ce resort était beaucoup moins mouvementée. Il s’agit d’une petite île qu’on peut parcourir à pied. Un point culminant est facilement accessible et offre une vue sur des paysages de carte postale. La plage est sublime. Le soleil était au rendez-vous. Les 35°C aussi. Nous avons profité du coucher de soleil pour faire du kayak, laissant place à un paysage encore plus magnifique. C’est l’étape la plus chère du voyage mais je trouvais dommage de passer à côté d’une chose pareille. À peine le temps de se reposer un peu et de profiter qu’il faut déjà continuer le voyage, destination Hoi An.
Les rues typiques de Hoi An
Au centre du pays, on trouve de nombreuses stations balnéaires telles que Nha Trang ou encore Da Nang. Le Vietnam dispose d’une énorme côte maritime et de très nombreuses plages paradisiaques. Il est donc normal d’y développer du tourisme pour en profiter. Cependant, nous avons déjà séjourné pendant trois jours dans un cadre idyllique. Au milieu de cette côte se trouve Hoi An, une ville bien moins bétonnée et plus typique que ses sœurs voisines. Connue pour ses nombreuses boutiques, elle se compose de petites rues quadrillées qui la rendent accessible à pied.
Nous n’étions pas logés dans le centre mais à quinze minutes à pied environ, dans une rue bordant la rivière avoisinante. La nuit tombée, les ruelles ne sont pas éclairées en dehors de la ville. Assurez-vous d’embarquer une lampe torche et de ne pas vous laisser impressionner par l’ambiance mystérieuse de l’obscurité. Concernant l’hôtel, tout se passait bien jusqu’au moment où il fallait payer. Ayant encore des dollars américains restants du séjour au Cambodge, je décide donc de les utiliser pour régler la note. Ils font la conversion, je paye sans trop me poser de questions. Un peu plus tard, je me suis rendu compte qu’ils m’avaient réclamé 100$ de plus. Je me disais bien que j’avais payé beaucoup d’argent pour si peu de nuits. Ils m’ont bien entendu rendu la différence quand je suis retourné les voir. Mais imaginez une seconde, si vous devez prendre le bus ou l’avion ensuite et que vous ne pouvez pas revenir. Vous êtes grillés. Faites donc bien attention au taux de change. L’inexpérience de payer en dollars et en dongs peut vous jouer des tours.
Au hasard d’une rue, nous avons repéré un restaurant appelé « Chez Marcel ». Quelle surprise quand je me suis dit « Oh, un restaurant français ici ! » et que des membres de l’équipe m’ont répondu en français pour m’inviter dans leur établissement. L’adresse était notée. C’était l’occasion de partager notre dernier repas dans cette ville avec cette équipe formidable. Un petit coin de France au milieu du Vietnam, en terrasse, en plein mois de mars, en profitant un max.
La baie d’Hạ Long
Changement radical de décor et de températures. Depuis le début du voyage, il faisait entre 30 et 40°C la journée, 25-30°C la nuit, un soleil éclatant et un peu de vent de temps en temps. Un cadre vraiment agréable dont nous profitons rarement au quotidien. En arrivant à l’extrême nord du pays, nous avons perdu 10°C au thermomètre et de gros nuages gris ont pris le dessus sur le ciel bleu azur. Le vent qui balayait les rues de la capitale nous glaçait le corps. Pendant plus de 2 semaines, nous n’avons pas rencontré une seule goutte de pluie et on se retrouve sous une pluie battante pour aller se restaurer le soir. Nous n’étions pas préparés à un tel changement avant l’heure du retour.
La Baie d’Hạ Long se situe à 170 km à l’est de la capitale, Hanoï. Nous nous sommes réservé quatre jours pour visiter la capitale et la baie, l’option d’une croisière de deux jours et une nuit sur place s’est naturellement imposée. C’est l’endroit le plus touristique que nous avons rencontré dans ce voyage, avec les temples d’Angkor. Qui dit tourisme, dit prix chers. Il ne faut pas avoir peur de dépenser 250€ pour deux personnes pour ce genre de croisière. C’est aussi une visite qu’on ne fera qu’une seule fois dans sa vie, alors le prix passe au second plan. Un bus de la compagnie de la croisière est venu nous chercher directement sur le pas de l’hôtel – plutôt dans la rue d’à côté car l’hôtel n’était pas accessible en voiture – pour nous conduire directement dans la baie. Un animateur nous a suivis tout au long du séjour avec de nombreuses explications sur l’histoire de la baie et sur la vie au Vietnam. Le bus nous a arrêtés à une fabrique de toiles tissées main par des ouvriers qui œuvraient devant nous. On sentait bien l’arrêt touristique pour forcer un peu à la consommation. Les prix des produits étaient nettement supérieurs par rapport au reste du voyage. Puis nous sommes arrivés au port où stationnaient les très nombreux bateaux de croisière. Beaucoup de compagnies exploitent le filon. C’était la cohue au port. Ce n’étaient que des touristes. Le tourisme de masse en puissance.
Une fois embarqués sur notre jonque, nous avons pu découvrir la très grande étendue de la baie d’Hạ Long. On dit que c’est la première merveille naturelle du monde, c’est bien à la hauteur de ce qu’on raconte. Certes brumeux, les paysages étaient magnifiques. Notre bateau ne payait pas de mine mais notre cabine était extraordinaire, avec un lit double. C’était notre première fois dans une croisière de ce type et nous n’avons pas été déçus ! Dernière réelle étape de ce voyage, notre balade en amoureux s’est terminée sur ces magnifiques paysages, pleins de souvenirs en tête.
L’heure de rentrer à la maison
Une fois rentrés de la baie d’Hạ Long, nous avons « visité » la capitale, Hanoï. Visiter est un bien grand mot car il pleuvait, le départ se faisait de plus en plus proche et nous avions quand même une grande envie de retrouver nos proches pour leur raconter nos péripéties. De plus, Hanoï est une grande ville comme on pourrait en trouver chez nous. L’effet de dépaysement n’agissait plus beaucoup.
Ce voyage aura été l’occasion de découvrir une partie de l’Asie, avec deux pays complètement différents. L’un, le Vietnam, où le tourisme est très ancré et dénature l’authenticité, et l’autre, le Cambodge, encore à l’état brut, pauvre mais avec tellement de richesse humaine. Il est certain que nous ne connaissons pas la pauvreté, mais le Cambodge reste pour nous l’endroit que nous avons le plus apprécié, malgré la lourde adaptation psychologique du début. La vie était plus simple, plus agréable, avec les chauffeurs de tuk tuk et leur envie de bien faire. Certes, ce n’est pas le moyen de transport le plus efficace (quoique), mais c’est le moyen le plus chaleureux.
Comme chaque voyage, ceci nous a permis de relativiser sur notre situation actuelle. C’était l’occasion de faire de nombreuses découvertes, de s’ouvrir un peu plus au monde et de ne pas rester cloitré chez soi avec son petit quotidien bien rangé. Sortir de sa zone de confort n’est pas une mauvaise chose, au contraire, cela nous fait progresser.