--- title: Une tournée américaine – Detroit date: 2017-09-17 tags: ["États-Unis"] --- Que diable va-t-il donc faire à Detroit ? Cette ville déserte, où ça pue le crime, où il n’y a rien à faire, etc. Je vous arrête tout de suite. Tout d’abord, plaçons le contexte. J’ai un grand besoin de partir loin, très loin, assez régulièrement. Cela faisait deux ans que je n’avais pas pris l’avion pendant plus de trois heures. C’est un peu comme une drogue pour moi. Plus je pars loin, plus j’aime ça. Ma chérie avait un voyage de prévu avec ses amies en Grèce. Destination certes sympathique mais je n’étais pas vraiment emballé de partir dans ce contexte. Donc soit je reste seul à la maison à continuer le train-train quotidien voiture-boulot-dodo, soit je prends des vacances en ne bougeant pas en plein été (pire), soit je pars de mon côté. Ayant déjà fait l’expérience de voyager en solo sur l’espace d’un week-end, j’ai voulu étendre le concept à une destination plus lointaine. C’est aussi l’occasion de combattre ma timidité. Amateur de football et supporter de plus en plus actif ces dernières années de mon équipe de toujours, le PSG, il se trouve que leur tournée d’été tombait exactement durant la période d’absence de ma chère et tendre. C’est probablement la seule et unique occasion de vivre cette expérience. Pour la troisième fois, direction les États-Unis. Detroit suburbs Mon vol se passe bien jusqu’à Chicago. Le passage de l’immigration prend un peu de retard. J’arrive au tapis des bagages pour tenter de passer la douane et… il est où mon bagage ? Je demande à un agent qui m’indique que mon vol n’est plus annoncé et qu’il faut aller au tapis numéro 2 – je ne me rappelle plus du numéro – qui correspond aux bagages non réclamés des précédents vols. J’y vois une valise qui ressemble étrangement à la mienne mais en plus abîmée. Quelqu’un est parti avec mon bagage. Après avoir discuté avec d’autres agents qui ont vérifié le code-barres correspondant à ma valise, ils m’ont indiqué qu’elle n’avait pas quitté le circuit et qu’elle allait arriver à destination. Je me présente à la douane, je n’ai pas de bagage, ça parait suspect. Je me dis que je vais avoir le droit à des questions bizarres alors que je n’ai rien demandé dans l’affaire. Puis on m’indique la sortie. Je me retrouve littéralement dehors sauf que j’ai un autre vol à prendre. Il faut prendre une navette pour aller dans le terminal des vols nationaux puis repasser la sécurité. Une fois devant la porte d’embarquement, le vol est annoncé avec du retard. Plus l’heure tourne, plus le retard augmente. Il y a eu quelque chose comme quatre heures de retard. Arrivé à l’aéroport de Detroit, mon bagage est bien là, soulagement, mais la nuit est tombée et je dois prendre ma voiture de location. Rouler de nuit, avec le décalage horaire et les spécificités de la conduite à l’américaine, je vous assure que c’est folklorique. Heureusement qu’il y avait un GPS parce que je n’aurais jamais trouvé mon auberge de jeunesse. J’arrive devant la porte et mon code d’entrée ne fonctionne pas. Liquéfaction. À ce moment-là, seul le mot « dormir » raisonne dans la tête. Après un coup de fil au gérant, j’ai eu un code temporaire. Finalement, je me retrouve dans une grande maison, des clients pour m’accueillir, ambiance maison qui tourne toute seule. Un peu déroutant après un si long voyage. L’essentiel, c’est que je sois enfin arrivé. Detroit suburbs Detroit, cette ville qui n’a pas bonne mine si on lit les commentaires en ligne. Il est vrai que ça fait ville fantôme quand on s’éloigne du centre-ville. Je logeais en proche banlieue et une maison sur deux était abandonnée. Presque pas de piétons dans les rues. C’est un peu glauque. Mais c’est beaucoup psychologique parce que l’auberge de jeunesse était bien remplie. J’y ai rencontré un Français qui s’était lié d’amitié avec un local et ils baignaient dans le milieu du rap. Ils m’ont proposé de faire un tour à la tombée de la nuit pour faire un clip, l’occasion de voir Detroit comme jamais. J’ai poliment refusé pour tout un tas de raisons mais j’aime l’idée. On ne rencontre pas ce genre de proposition dans un hôtel classique. Viennent les petites habitudes comme manger son petit déjeuner sur la Michigan Avenue qui rejoint le centre-ville. Regarder les travailleurs se garer juste devant la boutique pour prendre un café à emporter pour le boire sur la route du boulot. Oui, boire au volant c’est possible. Un petit tour au supermarché pour y acheter un peu (beaucoup) d’eau pour survivre à la chaleur de l’été et en profiter pour se remémorer les habitudes alimentaires américaines. Croiser un gigantesque camion de pompier garé en double file pour faire les courses. Au calme. L’occasion aussi de se reposer de ce long voyage et de profiter des vacances, tout simplement. Le match a eu lieu au Comerica Park, conçu pour du baseball et transformé en stade de football pour l’occasion. Le club de supporters de Montréal était présent. Ils étaient enchantés de voir un belgo-parisien faire le déplacement. Match plutôt moyen mais que de souvenirs. C’est n’importe quoi le football aux Etats-Unis. Tout le monde a un maillot, mais très souvent d’équipes qui ne jouent pas. On doit rester assis. On consomme le match. On prend ses nachos, sa pizza personnelle et on bouffe. Certains supporters originaire des pays de l’Est mettaient l’ambiance. Le seul mouvement qui passe auprès du public est une ola, synonyme chez nous qu’on s’emmerde. Spécial mais intéressant. Pour terminer avec Detroit, il s’agit d’une ville calme, artistique et à taille humaine comparée au reste des États-Unis. Surtout, ne vous laissez pas submerger par le stress que les articles peuvent provoquer, ça va vous gâcher votre voyage. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter avec cette ville. Maintenant, les règles habituelles s’appliquent. Ne tentez pas le diable en exposant à tout-va vos bijoux et autres objets de valeur. ![Renaissance Center](https://c1.staticflickr.com/5/4402/36330779634_21baa343c0_z.jpg) [Detroit (07-2017)](https://www.flickr.com/photos/riouj/sets/72157686443347393)